Les mineurs disparus d’Europol - GITSI - Édito du n° 108 de Plein droit, la revue du Gisti

5 000 enfants disparus en Italie, 1 000 autres en Suède, les chiffres sont d’autant plus effrayants que le responsable d’Europol fait état de risques d’exploitation par des réseaux criminels.

Édito du n° 108 de Plein droit, la revue du Gisti

Les mineurs disparus d’Europol


 

Fin janvier 2016, plusieurs articles de presse ont évoqué les disparitions d’enfants migrants : « Plus de 10 000 enfants migrants disparus depuis deux ans », « L’inquiétante disparition d’au moins 10 000 enfants migrants en Europe », « Comment 10 000 enfants réfugiés peuvent disparaître des radars », a-t-on pu, par exemple, lire sur les sites respectifs de Libération, deRFI ou de l’Obs. La source de ces articles ? Les déclarations d’un responsable d’Europol, l’agence policière européenne, dans l’hebdomadaire britannique The Observer précisant que ce chiffre concerne les enfants dont la trace a été perdue après leur enregistrement auprès des autorités européennes sur les dix-huit à vingt derniers mois. Une grande partie d’entre eux serait des mineurs isolés et environ la moitié serait passée par l’Italie.

5 000 enfants disparus en Italie, 1 000 autres en Suède, les chiffres sont d’autant plus effrayants que le responsable d’Europol fait état de risques d’exploitation par des réseaux criminels. En reprenant cette information, la presse évoque pêle-mêle la traite des êtres humains, les réseaux de proxénétisme ou de servitudes domestiques, les trafics d’organes ! Discours aussi alarmant que peu documenté en termes de sources et de chiffres fiables. Cette dramatisation un peu forcée finit par masquer une autre réalité, dont toutes les autorités européennes, Europol compris, devraient se sentir responsables : celle qui conduit l’ensemble des pays européens à refuser d’accueillir et de protéger convenablement ces mineurs accompagnés ou non d’adultes.

Pour retrouver trace d’une partie de ces mineurs « disparu   », il suffit de se rendre à l’Adjie (accompagnement et défense des jeunes isolés), une petite permanence interassociative située à Paris. Beaucoup des adolescents qui s’y pressent chaque semaine sont de jeunes Africains qui ont effectivement traversé un ou plusieurs pays européens, dont l’Italie le plus souvent, avant d’arriver en France. Il s’agit quasi exclusivement de jeunes garçons, âgés de quinze à dix-sept ans. La plupart confirment avoir été enregistrés d’une manière ou d’une autre au cours de leur voyage par une ONG, la police ou un service qu’ils n’ont pas vraiment identifié. Nul doute que nombre d’entre eux ont été ensuite déclarés «  disparus  » par ces mêmes services ou organisations. Parmi les jeunes de l’Adjie, aucune victime de traite des êtres humains, de trafic d’organes ou encore d’activités liées au commerce du sexe. Mais tous témoignent en revanche des épreuves qu’ils ont dû subir pour arriver en France (...)

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Extrait du Plein droit n°108